Depuis plus d’une décennie, les cryptomonnaies sont régulièrement associées dans l’opinion publique aux arnaques, escroqueries et activités frauduleuses. Chaque nouveau scandale – hack d’exchange, rug pull, ou fraude spectaculaire – renforce l’idée que la crypto serait un « Far West financier » particulièrement dangereux.
Mais cette perception résiste-t-elle à une analyse chiffrée et comparative avec la finance traditionnelle ? Si l’on raisonne en pourcentage des marchés financiers globaux, la réalité est plus nuancée – et souvent contre-intuitive.
1. Ce que l’on mesure vraiment quand on parle d’arnaques
Avant de comparer crypto et finance traditionnelle, il est essentiel de préciser ce que l’on compare.
On peut mesurer la fraude de plusieurs façons :
en montant absolu (dollars perdus),
en pourcentage des transactions,
en part de la taille totale du marché,
ou encore en impact macroéconomique (ex. % du PIB mondial).
Les débats publics se concentrent presque toujours sur les montants absolus, car ils sont plus spectaculaires. Pourtant, ce n’est pas l’indicateur le plus pertinent pour juger du niveau relatif de risque d’un système financier.
2. La fraude dans les cryptomonnaies : des chiffres à relativiser
Les estimations issues de l’analyse on-chain montrent que :
moins de 1 % des transactions crypto sont liées à des activités illicites ou frauduleuses ;
dans certaines années récentes, ce chiffre est même inférieur à 0,5 % du volume total des transactions.
En valeur absolue, les pertes liées aux arnaques crypto représentent plusieurs milliards de dollars par an. Ces montants sont réels, douloureux pour les victimes, et doivent être pris au sérieux.
Cependant, ils doivent être replacés dans leur contexte :
le volume annuel des transactions crypto se chiffre en milliers de milliards de dollars ;
la part frauduleuse reste donc marginale à l’échelle du réseau.
Autrement dit : la crypto concentre des arnaques visibles, mais elles ne représentent qu’une petite fraction de l’activité totale.
3. La finance traditionnelle : une fraude structurelle et massive
Dans la finance traditionnelle, la situation est très différente.
Les estimations internationales sur la fraude financière, le blanchiment d’argent, les escroqueries bancaires et les détournements indiquent que :
les flux financiers illicites représentent environ 2 à 5 % du PIB mondial ;
les pertes annuelles liées à la fraude bancaire, aux cartes de crédit, aux escroqueries d’investissement ou au blanchiment se chiffrent en centaines de milliards, voire en trillions de dollars.
Contrairement à la crypto :
une grande partie de cette fraude est peu visible du grand public ;
elle est souvent diluée dans des structures complexes (banques, paradis fiscaux, sociétés écrans) ;
elle repose sur des systèmes opaques, où les données sont fragmentées ou non publiques.
Ainsi, la finance traditionnelle souffre moins d’une mauvaise image médiatique… mais abrite une fraude beaucoup plus large en proportion.
4. Pourquoi la crypto donne une impression de danger accru
Si la crypto représente une part plus faible de fraude relative, pourquoi est-elle perçue comme plus risquée ?
a) Une transparence radicale
La blockchain est publique. Chaque hack, chaque escroquerie, chaque transfert frauduleux est traçable et analysé en temps réel.
Cette transparence crée un effet loupe médiatique :
les scandales sont visibles immédiatement ;
les chiffres circulent rapidement ;
les histoires individuelles sont très médiatisées.
b) Un marché encore jeune
La crypto est une technologie récente, avec :
des utilisateurs parfois peu formés,
des standards de sécurité encore hétérogènes,
des cycles d’innovation rapides.
Comme toute industrie émergente, elle attire aussi des opportunistes.
c) Une responsabilité individuelle plus forte
Dans la crypto, l’utilisateur est souvent sa propre banque. Il n’y a pas toujours d’intermédiaire pour absorber les erreurs ou compenser les pertes.
Cela rend les arnaques plus visibles et plus traumatisantes, même si elles sont statistiquement minoritaires.
5. Comparaison synthétique
| Critère | Crypto | Finance traditionnelle |
|---|---|---|
| Fraude en % du volume | < 1 % | Plusieurs % du PIB mondial |
| Pertes annuelles | Milliards de $ | Centaines de milliards à trillions |
| Transparence | Très élevée | Faible / indirecte |
| Visibilité médiatique | Très forte | Modérée |
| Perception du risque | Élevée | Sous-estimée |
6. Conclusion : une perception largement biaisée
Lorsqu’on raisonne en pourcentage des marchés financiers globaux, les données montrent que :
👉 la crypto n’est pas plus frauduleuse que la finance traditionnelle – elle l’est même moins en proportion.
Cela ne signifie pas que les risques n’existent pas, ni que les victimes doivent être minimisées. Mais cela implique que :
le débat public est souvent déséquilibré ;
la finance traditionnelle bénéficie d’un capital de confiance historique malgré des volumes de fraude bien supérieurs ;
la crypto paie le prix de sa transparence et de sa jeunesse.
À mesure que les outils de sécurité, l’éducation des utilisateurs et la régulation intelligente progressent, la part relative des arnaques crypto tend d’ailleurs à diminuer.
La vraie question n’est donc pas : « La crypto est-elle plus frauduleuse ? » mais plutôt :
Pourquoi tolérons-nous des niveaux de fraude bien plus élevés dans des systèmes financiers que nous considérons comme « traditionnels » et « sûrs » ?
*Via chatgpt très utile pour se poser des questions